Dans cette partie, nous attendons à ce que vous parliez de la famille de votre personnage. Ses parents, si il a des frères et soeurs, des enfants illégitimes ou si il est un bâtard, bref, sa famille ! Attention cependant, si vous choisissez d'incarner un membre d'une maison banneret à une maison suzeraine, vous devez laisser la possibilité à d'autres membres de compléter la famille.

Nous attendons un minimum d'une dizaine de lignes. Concentrez-vous sur les relations que les membres de la famille ont avec votre personnage principalement.

AND THE WOLVES ALL CRY

*

La nuit s'élance à l'assaut du village, embrasant la citadelle d'un linceul opaque. Les jérémiades emplissent l'air, si bien qu'on saurait presque en effleurer les grimaçants relents. La peur est omnisciente, elle s'infiltre, insidieuse, jusqu'au plus complet engorgement du village ; il suffoque et pâlit sous les coups maculés. Les loups s'avancent. Les loups ont faim. Les loups n'auront pitié.
Sur les méandres des ruelles, gisent des cadavres à l'allure douloureuse, faussés en des positions incongrues. Des filets poisseux ruissellent des moignons aux lourds remugles putrides, toutefois encore à vif, lacérés sans ménagement. Les chairs, vaguement voilées par quelques bribes de peau, pendent par lambeaux ; les pavés vermeils exhalent la sueur et l'angoisse.
Le loup se tient là, l'échine voûtée sur un corps inanimé, brassant avec véhémence la dépouille fétide, labourant le muscle, s'enivrant du sang. Son poil rêche danse légèrement sous la morsure du vent nocturne, son ombre oscille, les contours rendus incertains par les lueurs vacillantes. S'imbibant tout entier des flots de sang, il sent sa bestialité s'étancher peu à peu. Le lendemain, quand l'aube poindra, le loup se taira finalement et la part d'humanité reprendra le dessus. Il en a toujours été ainsi au sein de la meute. Chaque mois, quand l'astre diaphane s'emplit, les loups s'éveillent à nouveau et les villages ploient.
Il relève la tête, ses yeux caves, hagards, scrutent les bâtisses alentours. Le village semble fantomatique, embrassé par la nuit. L'assaut des Greyback n'aura laissé que peu de survivants. Les loups repartiront bientôt, la besogne accomplie, la panse pleine. Cependant, Urian hume l'air, se redressant à nouveau avec méfiance. Une présence humaine se cache non loin.
Une jeune fille, tapie à l'ombre d'une masure, souffle sourdement, refoulant tant bien que mal la panique grandissante. Elle épie les silhouettes lupines, guette avec malaise l'instant de leur départ, pour pouvoir sortir, et espérer survivre. Ses chances sont moindres.
Le loup l'a flairée. Il s'approche en silence, son pas assourdi, feutré, soulève des volutes ocres des pavés poussiéreux. L'enfant croit hurler, mais le cri reste suspendu au fond de sa gorge nouée. La créature lui fait face, la toise d'un regard anthracite. La jeune fille recule, trébuche, apeurée ; elle implore la grâce et le pardon, supplie. Alors la bête s'arque de toute sa charpente, les pattes fléchies, le muscle tendu, entrouvre la mâchoire.
Le loup s'avance. Le loup a faim. Le loup n'aura pitié.


Elle s'avance posément jusqu'à la fenêtre, insensiblement voilée sous une mince couche de poussière aux pourtours vaporeux. Les arbres fantomatiques semblent frémir sous l'embrassade du crépuscule, une brise fluette cours le long des cimes filandreuses. La lune, pâle et maladive, point faiblement à l'horizon. Sa silhouette presque emplie suscite une inquiétude grandissante chez Lenore, comme à l'accoutumée. Bientôt, la soif la fera imploser, la bête reviendra la hanter, les villages seront mis à feu et à sang. Plus que la culpabilité, c'est le dégoût, la honte qui la font ployer ; il n'y a pas de cauchemar plus saisissant que la peur de soi-même. Elle est son propre monstre, le démon la traquant est insidieux. La louve en elle l'étouffe, sans qu'elle puisse offrir une autre réaction que la soumission. Quoiqu'il advienne, le sang lupin des Greyback continuera de couler dans ses veines - bien que l'existence de la bâtarde ait été jusqu'ici courtoisement ignorée par son père. Sa roturière de mère l'avait recueillie, pour une enfance certes misérable mais toutefois relativement sereine. Cependant, la prospérité ne sait que rarement être éternelle.

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