Cela avait frappé à l'improviste, je crois qu'aucun d'entres nous n'étaient préparés, sauf peut-être mon père et les soldats, mais en ce qui me concernait ou ce qui concernait les femmes et les enfants, je pense qu'aucunes d'entres nous ne nous y attendions. Je suis sorti de ma chambre, légèrement sonnée par le brouhaha ambiant et cette atmosphère de mort. Je voyais des soldats parcourir les couloirs, frappant aux portes pour en extirper les gens et certainement pour les mettre à l'abri. Je sentais qu'on me prenait le bras et que l'on me tirait hors du couloir. Lorsque j'avais repris mes esprits, je m'étais rendu compte que la personne qui me tirait n'était autre que mon frère. « Je t'emmène auprès de notre mère et de nos frères et soeurs. » Nous venions de sortir dans la cour et j'avais remarqué que l'ennemi avait passé les portes. Beaucoup se battait, des sorts fusaient, mais les épées s'entrechoquaient aussi. C'est alors que mon frère sortit son épée à son tour et que je sortais moi-même ma baguette et ma dague. « Tu dois continuer seule, ils sont dans les sous-sols. Tu cours et tu ne t'arrêtes pas, si on t'attaque, tu n'hésites pas. » Je restais pourtant tétanisée sur place. Raibeart m'avait appris à me battre, du moins à me défendre, mais je n'avais jamais été dans une telle situation et j'avais peur. Je sentais mon coeur se serrer et grâce à la gifle que mon frère me donnait, je reprenais mes esprits. Je me mettais alors à courir vers les sous-sols. Je saurais retrouver le reste de ma famille puisque je connaissais les sous-sols par coeur. Une fois que je les avais rejoint, nous étions restés sans bouger, les uns contre les autres, entourés du reste du château. Il y avait des soldats pour assurer notre protection et nous n'étions pas loin du passage secret qui nous mènerait loin de Port-Cassel si cela devait être nécessaire. Nous avions passé la nuit ici, ne sachant pas ce qui se passait à l'extérieur, je m'inquiétais pour mon frère et pour mon père et je me sentais si inutile. J'avais eu l'impression que cette nuit avait été une éternité, lorsque le combat avait été fini, des soldats étaient venus nous chercher pour nous faire remonter. En sortant, j'avais croisé mon frère, il avait l'air sain et sauf, si on considérait que le sang qui se trouvait sur lui n'était pas le siens. Nous avions été conduis dans la grande salle et mon frère nous avait rejoint, il s'était débarbouillé. « Le Seigneur Longbottom a été blessé durant le combat et le Seigneur Jorah Gryffondor est mort, tué par les Slytherins. Nous sommes aujourd'hui en guerre. Pour l'instant, nous avons repoussé l'ennemi, mais nous ne sommes à l'abri de rien. » Père était blessé... Le Seigneur Jorah était mort... Je devais me rendre au chevet de mon père sans tarder. Je sortais de la grande salle et m'élançait vers la chambre de celui-ci. Il était couché sur son lit, épuisé. « Père ? » Je n'osais pas le toucher, de peur de me rendre compte qu'il était déjà mort. Il tourna sa tête vers moi. « Tu es en vie ! » Je m'approchais de celui-ci et posait ma main sur la sienne. « Nous sommes tous en vie, père. » un silence régnait dans la pièce, cela sentait la mort et j'avais froid, comme si le spectre de mon père se trouvait déjà ici, attendant qu'il rende l'âme pour prendre sa place. « Je vais mourir Catrìona. Il n'y a plus d'espoir pour moi. J'ai chargé ton frère de vous protéger tous. Les temps vont devenir sombre et tu vas devoir t'endurcir et je sais que Raibeart t'aidera. » ma gorge se serrait, il était excessivement calme et serein pour un homme qui allait mourir. Mais mon père avait bien vécu et j'étais certaine qu'il pouvait être fière de ce qu'il avait accompli. Il laissait derrière lui femmes et enfants, mais ceux-ci étaient bien préparés et bien entouré pour faire face, tous sauf moi, moi qu'il avait élevé dans l'amour et la tendresse, ne me refusant jamais rien. J'étais resté aussi fragile qu'à ma naissance et j'étais effrayée aujourd'hui par tout cela. Raibeart frappa et me demanda de sortir. Il était alerte et je décidais de l'entrainer dans un endroit calme. « Tu sens la mort. C'est affreux Raib. » Il avait le regard baissé. « Les temps de jeux sont finis Cat'. Il va falloir que tu t'endurcisses. Tu as la nausée dès que tu vois des corps ou des blessures. » Cela sonnait comme un reproche. « Tu m'as appris à me défendre, mais jamais tu ne m'as parlé de tout cela. Je préférais lorsque nous étions enfants. » il avait posé ses yeux sur moi. « Mais nous avons grandi et c'est comme ça aujourd'hui. Je pense que tu devrais mettre de côté les querelles qui vous animent toi et Vika et que tu devrais lui apprendre aussi à se battre. Elle est beaucoup moins fragile que toi, mais vous pourriez apprendre l'une de l'autre. » Vika était ma petite soeur et d'aussi loin que je m'en souvienne, nous avions passé notre vie à nous quereller. Bien qu'elle soit moins fragile, elle avait eu tout de même l'air d'être effrayée. Raibeart était parti et j'étais redescendu voir Vika. Lorsque je l'avais trouvé, elle pleurait. Je l'avais prise dans mes bras. « Nous veillerons l'une sur l'autre. »