«  N'insulte plus jamais ma famille de cette manière. Tu ne me connais pas, tu ne connais rien de ma vie alors je t'ordonne de te taire toute de suite. Je sais pertinemment que toi et tes amis parlent abondamment derrière mon dos, je vous vois constamment murmurer à mon approche. Peut-être pensiez-vous que j'étais sourde ? Mon père est peut-être un moldu comme vous dîtes si bien mais je préfère ardemment cela qu'avoir un père qui ne connait même pas mon nom. Peut-être pensais-tu que je n'en savais rien, Médéric, mais que dirais-tu si je racontais à tes amis à quel point ton père est un odieux personnage ? Mon père est quelqu'un de bien, peut-être la meilleure personne qui puisse exister sur cette terre et si tu ne vois pas ça, c'est que tu es un idiot et un lâche en plus de ça, de ne pas lui avouer ce que tu penses en face. Tu es juste jaloux d'une relation que tu n'auras jamais ! » cracha-t-elle, venimeuse.

« Ma mère est une femme forte et très intelligente. C'est assez difficile de vivre dans l'ombre d'une femme aussi exceptionnelle. Je ne la vois pas très souvent mais nous avons une relation très cordiale quoique loin d'être proche, ni l'une ni l'autre n'étant fan d'effusions en tout genre. Mais elle m'a élevé, m'a compté les valeurs qui sont les nôtres, alors je ne lui en veux pas. Nous sommes de toutes manière beaucoup trop différentes pour s'entendre parfaitement. Et mon mariage n'a pas arrangé les choses. Mère avait un destin tout tracé pour moi. J'étais seulement beaucoup trop rebelle pour accepter ces exigences. »

« Mes parents ont tellement bataillé pour m'avoir qu'ils n'avaient plus de force pour un autre enfant. »

J'ai les jambes qui tremblent. Je ne veux pas y aller mais mon père insiste. Je m'en voudrais toute ma vie d'après lui. Mon visage blafard et sans expression les rend triste, je le sais mais je n'ai plus la force de rien ces temps-ci. Il pleut des cordes dehors comme si le temps reflétait exactement mes pensées. Je sens quelques mains presser mes épaules mais je n'arrive pas à savoir de qui il s'agit. En fait, cela m'importe peu. Mon seul souhait ne se réalisait pas : personne ne voulait me laisse seule. Clignant des yeux, mon regard se dirigea vers la fenêtre. Doucement, je m'approchais, observant la scène. Toute cette foule me donnait envie de hurler. Je ne voulais pas descendre, je ne voulais pas que tous ces gens aient pitié de moi. Enfant, je n'avais jamais aimé être le centre d'attention. Cela n'avait pas changé avec le temps. Mais ma mère avait daigné apparaître. Bien sûr, elle n'avait pas trouvé les mots. Et je ne lui en voulais pas. Personne ne pouvait comprendre ce que j'endurais. C'était comme si une partie de moi s'était allée et qu'à la place de mon coeur, il n'y ait plus qu'un trou béant. On me força à me préparer et quand je sentis qu'on me touchait à nouveau, je reculais brusquement. J'accrochais la broche qu'il m'avait offert quelques mois auparavant, celle qui comptait tant à mes yeux et je me levais doucement, prête à affronter l'extérieur. M'agrippant au mur, je descendis lentement les escaliers. Aussitôt le silence autour de moi se fit entendre. Je sentais, comme prévu, tous les regards tournés vers moi. Quelques soupirs, murmures également mais je n'avais qu'une idée en tête : aller le voir.

Ses parents avaient décidé de l'enterrer dans leur demeure. L'idée était horrible et je n'aurais jamais accepté si sa mère n'avait pas autant insisté. Je détestais l'idée de savoir qu'il reposait ici alors que son endroit préféré n'attendait que lui. Il m'était revenu le choix de l'inscription sur sa tombe. Ses parents pensaient me faire plaisir mais la sensation était la même. Et le pire dans tout cela, c'est que je n'avais pas su quoi choisir. Moi sa femme, sa moitié, je n'avais pas été capable de trouver ce qu'il lui allait bien. Alors j'avais laissé faire sa famille comme je le faisais toujours. Mais cette fois ci, j'avais besoin d'aller me recueillir auprès de lui, seule. Tandis que je marchais lentement vers sa tombe, les derniers regards qui ne me regardaient pas convergèrent vers moi à l'unisson. Je savais que si je m'arrêtais maintenant, c'était fini pour moi. Mes yeux devenaient de plus en plus humides à mesure que j'avançais et quand enfin, je suis arrivée devant lui, les larmes coulèrent lentement sur mes joues blanches. Prise de faiblesse, je tombais brusquement au sol, à genoux, mes mains accrochant l'herbe fraîche. J'avais envie de hurler, de crier après celui qui me l'avait pris. J'avais mis tant de temps à trouver l'âme soeur et voilà qu'on me l'enlevait déjà. « Pourquoi ? » me lamentais-je, la tête levée vers le ciel. Elle regarda la tombe où l'inscription de son nom ne faisait qu'accentuer le réalisme de l'évènement. « Je ne sais pas ce que je vais faire sans toi. » murmurais-je doucement. « Je suis toute seule, j'ai besoin de toi. » suppliais-je, le visage baigné de larmes. Alors que les sanglots se transformèrent en gémissements, je posais mes deux mains sur la tombe avec force. « Je ne sais pas comme vivre sans toi. »


Le château semblait plutôt calme sans le brouhaha habituel des élèves dans les couloirs. Les cours avaient déjà commencé depuis une heure mais Mahaut n'avait pas cours avant cette après-midi ce jour là et profitait donc du confort et du silence de la salle des professeurs. Seulement ce bien-être fut de courte durée puisque elle entendit plusieurs de ses collègues entrer à leur tour dans la salle. Feignant de ne pas les avoir vu, Mahaut retourna à sa lecture. Elle comptait évoquer avec ces élèves la légende du phoenix pas plus tard que dans quelques heures et elle avait besoin de quelques informations supplémentaires, certes qu'elle savait déjà, mais qui lui permettait d'entrer sereine, dans cette explication. Levant discrètement la tête de son livre une petite seconde, elle remarqua qu'ils ne l'avaient pas vu eux non plus mais ils parlaient tellement fort que Mahaut aurait pu les entendre de l'autre côté du château. « La guerre est loin d'être finie, mon cher. Le jeune Gryffondor est un homme bien. » L'autre personne, qu'elle n'avait encore jamais croisé ici, parla à son tour. « Je ne sais pas quoi penser, Filius. Chacun a ses atouts, chacun a les armes pour remporter la partie et je dois te dire une chose. Même s'il n'est plus là, Salazar Serpentard n'est pas un adversaire à négliger. » Secouant la tête, Mahaut soupira bruyamment attirant par la même occasion le regard des intéressés. « Tiens, Melle Wenlock. Je ne vous avais pas vu. » dit-il simplement. Mahaut lui sourit sans grande conviction avant de replonger dans son livre. Sauf qu'il tenait mystérieusement à l'intégrer dans la conversation. « Et vous que pensez-vous de tout cela ? » Elle resta silencieuse un bon moment mais voyant qu'il n'allait certainement pas lâcher l'affaire de sitôt, elle se ravisa et décida d'exposer son avis. « C'est une guerre inutile, entre plusieurs camps certes qui s'affrontent mais qui sont très proches dans leurs idéaux. Je respecte bien évidemment leur dessein mais j'estime que cette guerre ternit plus notre communauté magique plutôt qu'elle ne la fait évoluer. Alors je dirais que je suis neutre. Et je rajouterais que j'aimerais qu'elle se termine rapidement pour que l'on revienne à de vrais problèmes de société nettement plus graves et alarmants. Comme le statut du sang par exemple. » A ces mots, elle n'attendit pas la réaction des intéressés mais entendit l'un d'eux parler. « Son père était un moldu, parait-il. Cela a fait le tour du château à son arrivée. » Mahaut ne réagit pas, habituée par ce genre de remarques. Elle se sentait toute fois un peu déçue. Elle n'aurait jamais cru que son sang puisse la ternir même à Hogwarts. Comme quoi elle pouvait se tromper parfois.

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