Il tira la lourde porte de bois, pénétrant à l'intérieur de la maison. Il fit à peine quelques pas qu'une voix rauque l'interpellait déjà. « Bien le b'jour monseigneur, vous v'nez pour Sansa ? » Ses yeux mirent quelques à s'habituer à l'obscurité qui régnait dans la pièce après la longue chevauchée qu'il venait de faire sous le soleil. Il parvient à détecter l'origine de la voix, une petite vieille aussi sèche que ses intonations. Il la reconnu, c'était elle qui dirigeait ces lieux. « Ne pose pas de questions stupides, femme. Ais-je déjà changé mes habitudes une seule fois depuis que je viens ici ? Prends l'argent et contente toi de faire comme si tu ne m'avais pas vu. » Se disant, il jeta négligemment une gallion sur le comptoir de la maquerelle, sans lui accorder un regard. Il avait beau chevaucher des heures pour s'éloigner du domaine des Malfoy et ainsi fréquenter ce lieu en toute discrétion, il n'en perdait pas moins ses habitudes de seigneur. Il gravit précipitamment un escalier à la solidité douteuse, emprunta un couloir bordé de portes dont s'échappaient des sons qui ne laissaient présager aucun doute quant à la teneur des activités qui se déroulaient ici. Il finit par en sélectionner une et entra sans frapper. La dénommée Sansa, nue, alanguie sur le lit l'attendait, toujours fidèle à leur rendez vous hebdomadaire. Il laissa ses yeux s'attarder sur ses formes quelques instants, avant de parler avec une arrogance caractéristique. « Je t'ai manqué ? » . Elle eut un mince sourire qui n'eut pas d'autres effets que de la rendre plus séduisante. « Viens plus près, et tu aura la réponse à ta question. » . Alaric ne se fit pas prier. Sansa avait beau être une prostituée, elle était celle qui l'avait initié au plaisirs de la chaire et il avait l'impression qu'il ne serait jamais las de leurs étreintes, de sa peau laiteuse, de ses cheveux de feu, des tâches qui parsemaient son corps... Très vite, il bascula sur le lit à demi dévêtu et leurs corps s'emmêlèrent. La température montait dangereusement tandis qu'il anticipait déjà le plaisir qu'il aurait avec elle. Ce fut sans compter l'éclair rouge qui arracha la porte de ses gonds et projeta le jeune seigneur loin du lit. Sonné, il n'eut pas le temps de se relever, on le trainait dehors d'une poigne ferme. Il fut jeté sans cérémonie dans une flaque d'eau, ce qui eut au moins le mérite de lui faire reprendre ses esprits. Il releva la tête. « Père ? » . Eddard Malfoy se tenait devant lui, pointant sa baguette sur sa poitrine, le dévisageant de son regard perçant. Alaric n'avait pas besoin de ses talents naissants en légilimencie pour comprendre que son géniteur était dans une colère froide. « Ne t'avise pas de m'appeler père, alors que tu jettes la honte sur ta maison entière. Tu es de sang noble. Un jour tu héritera de toutes les terres du pays de Galles, et de ses ressources extraordinaires. Tu sera l'homme le plus riche de ce royaume et un grand sorcier. Tu perpétuera notre lignée. Tu pourra épouser une belle dame de sang pur et faire des enfants qui te succèderont, et jamais ton nom ne sera oublié. Mais si veux tout cela, tu dois faire en sorte de le mériter. Apprendre à gérer tes terres et à te comporter comme un seigneur. Être né dans la bonne famille ne suffit pas. » . Il se tenait silencieux, écoutant ces propos, grelottant dans l'air frais du pays gallois. Il savait tout cela. Cependant il était inutile d'expliquer à son père combien ses chevauchées étaient importantes. Il avait besoin de s'évader de son quotidien. D'oublier justement ce grand destin l'espace de quelques heures. Il était d'ailleurs désolé d'imaginer que son père l'avait suivi jusqu'à ce qu'il aimait considérer comme son jardin secret. Comme Eddard ne reprenait pas la parole, Alaric baissa la tête en signe de soumission. « Je tâcherai de m'en rappeler, père » . Il fallait plus, pour contenter Lord Malfoy et son fils avait été stupide de ne pas s'en rappeler. « Tu ne vas pas te contenter de t'en rappeler. Tu me présentera tes excuses ce soir, quand tu aura réfléchi aux paroles sensées que tu dois prononcer . En attendant, tu rentrera à pieds jusqu'au château, cela devrait t'accorder le temps de réflexion nécessaire. Et c'était la dernière fois que tu venais ici. J'y veillerai personnellement. Si tu essaie de le faire une nouvelle fois en secret, je tuerai toutes les catins de ce bordel personnellement. » Alaric demeura coi, se concentrant pour ne pas que ses dents claquent. Il espérait au moins que son père lui rendrait ses vêtements pour affronter la marche de la honte qui l'attendait. Mais soudainement, il fut pris d'une certaine audace. « Tout à l'heure, vous avez parlé de mariage. Je voudrais avoir le droit de choisir ma femme. » . Une nouvelle ombre traversa le visage de son adversaire. « Crois tu que tu sois en position de négocier ? » . La réponse de l'adolescent était prête. Il réfléchissait au problème depuis longtemps. Depuis qu'il avait rencontré toutes ses nobles précédentes à vrai dire. « C'est juste que savoir que ma future femme me sera agréable, m'aidera à rester... dans le droit chemin. » . Eddard oscillait visiblement entre curiosité et envies de meurtre. Heureusement, il opta pour la première solution. « Et qui veux tu épouser ? Car tu semble déjà avoir fait ton choix. Je ne pense pas que tu négocierais pour une situation hypothétique. » .. L'espace d'un instant, il crût déceler une once de fierté dans la voix de son père. Mais il avait sûrement dû rêver. Son visage durcit, montrant une détermination dont il ne se savait pas capable. « Rhéa. Je veux épouser Rhéa Grimaldi »


L'adolescent frondeur avait laissé place à un homme strict, conscient de ses devoirs. Lord Eddard avait pu expirer en paix, son fils était tel qu'il l'avait toujours voulu. Un bon seigneur, un bon mari, un père, un jouteur, un sorcier, un legilimens. Son apprentissage était arrivé à son terme et il pouvait le transmettre à son propre fils, Priam. Il était d'ailleurs en train de lui donner une leçon de géographie, désireux de lui faire connaître les terres qu'il gouvernerait plus tard. Mais un regard sur l'enfant lui fit comprendre rapidement qu'il parlait dans le vide. Ses cheveux blonds brillant dans la clarté du jour, son fils ne lui prêtait aucune attention, ses yeux fixés sur la fenêtre. L'admonestation ne se fit pas attendre. « Priam ! Cesse de rêvasser ou je t'enferme dans les sous-sols. A cet endroit au moins nulle fenêtre ne viendra divertir ton esprit ! » . Ce dernier s'exécuta mais d'un air maussade. Alaric, qui, dans un premier temps avait hésité à le réprimander en souvenir de sa propre attitude, laissa tomber son indécision. Son héritier avait besoin de prendre pleinement conscience des enjeux. Avec tout le sérieux et la dureté dont il était capable, il lui fit un discours presque identique à celui que son propre père lui avait fait des années auparavant. Au fur et à mesure qu'il parlait, il voyait que ces mots touchaient son fils. Et même s'il se trompait, il vérifierait en entrant dans son esprit. Il voulait le meilleur pour son fils aîné. Quand il eut terminé, il se prépara à se retirer. « Je dois parler à ta mère, continue la leçon seul. Tu m'en fera un résumé détaillé ce soir. » . Il posa brièvement sa main sur son épaule avant de quitter la pièce. Il ne savait pas ce qui en était pour Eddard, mais lui parfois ressentait certaines difficultés à se montrer dur. Parfois, il était las d'être un mentor pour Priam... Il traversa les nombreux couloirs de son palais immaculé jusqu'à atteindre les appartements de son épouse bien aimée. Il frappa un coup discret et bientôt une voix mélodieuse l'invita à entrer. Des rires d'enfant retentirent dans un même temps. Lyra, bien sûr, était avec sa mère. Quand, elle se dirigea vers lui, Alaric la souleva prestement pour déposer un baiser sur ses joues roses avant de la confier à sa nourrice. Il avait envie d'être seul avec Rhéa. Mais alors qu'il essayait de l'embrasser à son tour, elle détourna la tête. Il soupira. « Que se passe t-il mon épouse ? » Elle releva la tête et enfin leurs regards se croisèrent. Nul émotion n'était visible sur le visage parfait de la Dame mais une certaine froideur émanait de son entière personne. Il était rare qu'elle ait une telle attitude à son égard. Tellement rare qu'elle ne la lui réservait que pour un seul sujet à vrai dire. En dehors de cela, leur entente était parfaite. « C'est son anniversaire, aujourd'hui. » . Il ferma les yeux. Lui avait réussi à oublier ce détail. Ce n'était pas le cas de Rhéa visiblement. L'anniversaire qu'elle évoquait était celui de la bâtarde d'Alaric. Elya ou Elyon, il ne se rappelait plus quel était son nom exact... Peu de temps après son mariage, et malgré son amour grandissant pour sa femme, il avait succombé aux charmes d'une jeune moldue, qui était malheureusement devenue grosse. C'était une honte, une tâche portée à l'honneur de son sang mais aussi au propre honneur de sa femme. Cette jeune fille qui grandissait en même temps que ses enfants naturels était là pour le leur rappeler chaque jour. Chacun des anniversaires de la bâtarde était une insulte pour Rhéa, il le savait. Il posa une main apaisante sur son épaule. Mais elle se dégagea. Il insista, jusqu'au temps qu'elle se laisse attirer dans ses bras. « Et tu devrais faire comme moi, n'y accorder aucune espèce d'importance. » . Il était bien décidé à vaincre ses résistances. Mais Rhéa était aussi flamboyante et imprévisible que le feu qu'elle maniait avec tant de talent...

Aujourd'hui, des années plus tard, Elyon est le cadet des soucis des Malfoy. Une guerre se prépare et bientôt ils vont devoir choisir leur camp. Priam et Lyra sont âgés de 18 et 20 ans. L'éducation stricte d'Alaric a porté ses fruits. Ils sont devenus des atouts maîtres dans le jeu des alliances pour leur père, qui place ses pions un peu partout. Les Malfoy sont ainsi liés aux Lancaster par le futur mariage de Priam et aux Black par celui de Lyra.