« Helga, il se fait tard. Rentrez à l 'intérieur. » La jeune sorcière, tout juste âgée d'une dizaine d'année, passait le plus clair de son temps à l'extérieur du château. Entretenant un intérêt certain pour tout ce qui relève de la nature, elle aimait se promener de longues heures dans les jardins du domaine familial. Quel que soit le temps, rien ne l'empêchera d'assouvir sa curiosité et surtout, sa quête de connaissances. Dans son petit sac en cuir, elle transportait quelques parchemins ainsi que de quoi écrire. Allongée au sol, elle venait de découvrir une nouvelle espèce, une plante que jamais elle n'avait pu observer dans les alentours. L'hiver laissait peu à peu place au printemps, la saison de la renaissance. C'était probablement sa préférée d'ailleurs. Très concentrée, elle relevait les moindres détails, de la forme des feuilles jusqu'à la couleur des pétales. Il s'agissait en effet d'une fleur, d'une beauté considérable. Alors que les enfants de son âge prenaient part à des activités plus … enfantines, Helga était d'une maturité rare. Intellectuellement avancée avec un goût du travail important, ses occupations étaient donc différentes, plus intéressantes selon elle. Non loin, sa gouvernante commençait à s'impatienter. Elle répéta son prénom tout en haussant le ton. « Helga ! » Élevée selon les codes de la noblesse sorcière, elle ne la fit pas plus attendre plus longtemps. Des brindilles et un peu de terre salirent sa robe, qu'elle tapota afin de rendre cela inaperçu. Sourire aux lèvres, elle exécuta les ordres de sa gouvernante, satisfaite. Elle avait terminé, alors cela ne la dérangeait pas vraiment. Et puis, en cas de doute, elle savait très bien où se rendre à présent. Sa démarche était gracieuse, la tête légèrement relevée et se balançant sur ses pas. On l'attendait pour dîner. Depuis la disparition de ses parents, Helga faisait de son mieux pour oublier. Elle ne voulait absolument pas y penser. Elle n'arrivait pas à y croire. Elle ne devait pas y croire. Après tout, ce n'étaient que des rumeurs, rien de bien officiel. Les grandes portes de la salle à manger s'ouvrirent, et donnèrent sur une immense pièce presque vide. Sa gouvernante ainsi que quelques mestres se tenaient debout, légèrement en retraits. Jane et Theon la regardaient fixement, tandis que la petit fille arpentait du regard la totalité de l'espace. « Où sont-ils ? » demanda-t-elle d'une voix grave. « Ils devaient rentrer ce soir. Theon ! » Complètement impuissante, elle se tourna vers son aîné, toujours silencieux. Il portait des vêtements différents. Plus majestueux, plus riches, comme si une cérémonie allait avoir lieu. Lorsqu'elle remarqua ce détail, des larmes montèrent, mais refusèrent de couler. « Tu me l'avais promis. Ce ne sont que des sottises, n'est-ce pas ? » Helga ne le lâchait plus du regard, scrutant le moindre de ses mouvements. Elle espérait vraiment que ses pensées se révéleraient fausses. Theon se leva et alla la rejoindre. De vingt-deux ans seulement, il devait diriger des terres, prendre décisions auxquelles il n'était pas encore préparé. Ses bras vinrent s'enrouler autour de son petit corps et après une profonde respiration, prononça ces quelques mots : « Je suis désolé. » Elle lui en voulait. Terriblement. Il n'avait pas su tenir sa promesse. Mais dans le fond, elle savait très bien que Theon n'était en aucun responsable de la mort de leurs parents. Après tout, il ne tentait que de la consoler. La consoler en cette soirée bien sinistre, qui annonçait des jours moins glorieux. Jane les observait de loin, toute aussi abattue. Elle resserra son étreinte, et ferma les yeux, s'évadant l'espace de quelques secondes. Une petite larme coula le long de sa joue droite, alors qu'elle gardait un calme déconcertant. Le silence de la pièce était lourd, beaucoup trop lourd. Et ce n'était que le début.

Depuis quelques temps déjà, une nouvelle plutôt intéressante circulait à travers la Grande-Bretagne. Godric Gryffindor ainsi que son ami, et presque frère, Salazar Slytherin se lancèrent dans la concrétisation d'une école de sorcellerie. Dans le but de protéger les sorciers de la menace moldue qui ne cessait de s'accroître, ils en vinrent à l'idée de créer une institution regroupant toutes les personnes aptes à user de la magie. De nombreux jeunes adolescents pourraient apprendre à mieux se contrôler, permettant alors d'éviter de lourds accidents. Tous deux issus de deux puissantes familles sorcières, suzeraines des Highlands et des Monts Brumeux, ils n'eurent aucune difficulté à obtenir l'accord du Conseil des Sorciers. Idée plutôt révolutionnaire, elle ne pouvait qu'apporter du bon et incitaient alors les sorciers à vivre en communauté. « Tu devrais te lancer. » Interrompue dans ses pensées, Helga tourna la tête vers cette personne, qui lui était familière. « Moi ? Non, je ne pense pas avoir les qualités requises. Et puis, je ne saurais vous laisser seuls, Jane et toi. » Elle mentait. En réalité, elle rêvait de se joindre à ce projet fou. Ce projet qui promettait de laisser sa trace dans l'histoire. Poudlard allait être la première école de sorcellerie, et sans doute saura-t-elle perpétuer dans le temps. Elle n'avait pas de doutes, cela allait être grandiose. Helga espérait que Theon lui accorderait sa bénédiction. « De nous trois, tu es la plus brillante, la plus intelligente et la plus apte à mener ce projet à bien. Ils devraient être honorés de te compter parmi eux. » Son grand frère réussit à lui arracher un sourire, puis il lui tendit une lettre. Curieuse, elle l'attrapa sans plus attendre, avant de découvrir le cachet de la maison Gryffindor. Lorsqu'elle en termina la lecture, la jeune femme ne tarda pas à lui dévoiler son contenu. « C'est une lettre de Godric, l'aîné de Sir Jorah Gryffindor. Une invitation à les rejoindre sur les Terres d'Ecosse, lui et deux autres personnes : Salazar Slytherin et Rowena Ravenclaw. » La benjamine des Hufflepuff essaya bien de garder son calme, mais son excitation était bien trop importante. Jusqu'à aujourd'hui, Helga s'instruisait à l'aide des précieux conseils de ses mestres. Pourtant, elle n'avait jamais envisagé l'idée qu'un jour, elle pourrait à son tour transmettre son savoir. Une expérience toute nouvelle, à laquelle elle n'avait jamais pu goûter. Poudlard devint donc l'occasion rêvée, celle d'utiliser son savoir différemment. Les siens ne bénéficieront donc plus exclusivement de ses talents de sorcière, elle allait pouvoir les mettre au service de toute la communauté. Et qui sait, peut-être que ses méthodes traverseront les siècles, pour être sans cesse réutilisées et améliorées. Elle allait contribuer à l'avancé de la magie. Et cette idée l'enchantait. « Rassemble tes affaires, tu t'en vas dès l'aube. » A ces dernières paroles, Helga se jetta dans les bras de son aîné, lui déposant un baiser sur la joue. Les yeux brillants de bonheur, elle le remercia, avant de se préparer pour le grand départ.

Devant elle se tenait un vaste terrain, presque vierge. Les travaux avaient déjà commencé, mais la plus grande majorité était encore à construire. Les semaines qui suivirent ne furent pas les plus simples. Logés pendant un temps à Liverpool la Grande, fief de la maison Ravenclaw, les quatre sorciers consacraient leur temps à l'école. Tout était important, les moindres détails. L'école devait être parfaite et ne présenter aucunes failles. De nombreux débats éclatèrent, concernant les cours, ou encore les différentes maisons. Le plus judicieux restait alors d'attribuer un nombre d'élève à chacun des fondateurs, répartis à l'aide du Choixpeau Magique. Appartenant à Godric Gryffindor, un sortilège lui permit alors de prendre vie, et de répartir chaque élève selon leur personnalité dans la maison la plus apte à les accueillir. Hufflepuff représentait donc les sorciers les plus justes et auxquels le travail n'est pas un obstacle. En référence à sa famille, et pour l'honneur de celle-ci, le elle choisit de prendre le blaireau comme blason, accompagné des couleurs jaune et noire. Deux ans plus tard, la majestueuse école ouvrait enfin ses portes. Le sourire de Helga s'élargissait au rythme des élèves, qui remplissaient peu à peu la Grande Salle du château. Parmi aux se trouvaient des enfants d'illustres familles, tandis que d'autres étaient totalement inconnus. La fondatrice avait hâte de les rencontrer, tous, qui qu'ils soient. L'aboutissement de deux années de travail, une grande fierté pour elle, qui malgré son jeune âge et sa condition de femme, réussit à s'imposer. Elle n'avait que vingt-et-un ans après tout.

Parti. Salazar était parti, ne laissant derrière lui qu'une simple lettre. Quelques mots alignés sur un parchemin. Quelques mots à jamais gravés dans la mémoire de la jeune femme. C'était bref, clair, et beaucoup trop court. Elle aurait espéré en avoir plus. Résumer ces dernières années en quelques phrases seulement lui fit mal. Elle était blessée. Terriblement blessée par son comportement. Il l'avait abandonnée. Sans scrupules. Comme si leur relation ne représentait rien pour lui. Pour Helga, il était si important. Elle découvrit une facette de sa personnalité que personne n'avait eu l'occasion de connaître avant. Elle se sentait si spéciale. Si précieuse à ses yeux. Elle n'oublierait jamais ce jour, celui de son anniversaire. Le jour où pour la première fois, leurs lèvres se touchèrent. Elle était si heureuse. Plus heureuse que jamais. Si bien qu'elle ne réussit difficilement à garder cela pour elle. Rowena, son amie, devait le savoir. Même si au départ, ce fut difficile, leur amitié était très importante. Elle lui accordait une confiance aveugle. Quelques jours auparavant, de nouveaux sorciers rejoignirent l'école. Rowena et Helga devaient se rejoindre pour l'heure du thé, heure à laquelle elles avaient l'habitude de se rejoindre. Elle hésita longtemps, longtemps avant de se rendre dans sa tour. Nous n'étions que le matin, et elle eut toute la journée pour y réfléchir. La plupart des élèves étaient en cours, les couloirs étaient donc vides et silencieux. Personne n'allait croiser son chemin. Elle pouvait s'y rendre sans craindre de croiser un petit curieux. Il valait mieux pour elle. Son visage reflétait sa tristesse. Helga chuchota quelques mots, avant de se retrouver dans une pièce circulaire. Rowena n'était pas encore arrivée, mais elle n'allait pas tarder. Elle ne ratait jamais ce moment de la journée. Assise sur les fauteuils, son regard se porta sur la fenêtre. D'où elle était, elle apercevait l'étendue des terres de l'institut. Il devait être loin maintenant. Loin d'elle. Des pas s'entendirent dans les couloirs. Ils étaient de plus en plus proches, et d'une fréquence importante. Le souffle court, elle lui annonça la nouvelle. Sans dire un mot, Helga se retourna et les yeux remplis de larmes, leva légèrement sa main. Elle y tenait la lettre, celle que Salazar lui avait écrite avant de s'en aller. Son chagrin était vaste, si vaste. Elle ne comprenait pas pourquoi il avait agit de la sorte. Il ne voulait pas qu'elle le retienne. Elle aurait pourtant tout fait pour le ramener à elle. C'était injuste. Tellement injuste.

Helga ne resta que quelques jours à Belfast pendant la période de Noël, retournant le plus rapidement possible à Poudlard. Elle devait garder un œil sur le château ainsi que ses élèves et Theon dût insister lourdement pour la voir revenir. Elle ne pouvait pas s'accorder des vacances alors que l'ambiance était si tendue. Jane, sa sœur, souhaitait faire une alliance avec les Sltyherin. Une guerre se préparait. Des jours sombres, bien plus sombres que ceux qu'elle avait connu jusque là se préparaient, à son plus grand désarroi. Il fallait assurer ses arrières. Mais Helga restait catégorique, jamais elle n'accepterait cette alliance, pour le plus grand malheur de la cadette Hufflepuff. Personne, mis à part Godric et Rowena ne savaient pour eux. Elle n'allait sûrement pas révéler cette faiblesse, au risque d'en subir les conséquences. Le père de Godric venait d'être tué, de la main du serpent même. Celui qu'il considérait comme son fils, fut également celui qui le trahit. Helga était perdue. Elle ne savait quel camp rejoindre. Suivre son cœur, tout en trahissant ses amis, ou bien faire ce qui lui semblait le plus juste, l'oublier. Tout simplement. Faire une croix sur leur passé commun. L'ignorer.